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Je te regarde examine les dispositifs de surveillance mis en place dans nos sociétés. Cette pièce nous interroge sur le sens que peut avoir notre vie dans un monde où le virtuel prend de plus en plus de place, dans un monde en proie à la dématérialisation numérique.
Quatre personnages cherchent un sens à leur vie à l’heure où les rapports humains ne s’expérimentent plus qu’à travers les réseaux sociaux, webcams, caméras de surveillance, logiciels de géolocalisation et autres applications Internet.
Un employé d’une multinationale, une gardienne de prison, une jeune cadre dynamique et un agent de sécurité d’aéroport sont aux prises avec leurs sentiments dans un univers qu’ils surveillent, tout en étant eux-mêmes surveillés.
Les pièces d’Alexandra Badéa sont un terrain de jeu, elle y réinvente un monde en partant de la réalité et construit des histoires qui explorent les mécanismes de nos sociétés contemporaines. On peut dire qu’elle fait entrer le monde dans son théâtre, un monde où chacun est à la fois l’opprimé et l’oppresseur, un monde où l’homme est en pleine mutation.
Extrêmement documentées ses pièces parlent des effets de la mondialisation : de l’aliénation au travail dans Pulvérisés, de la corruption dans Europe connexion. Jamais manichéennes, les pièces d’Alexandra Badéa mettent en lumière les rouages de notre système politique et économique. Je te regarde, écrite en 2015, décrit une société ultra-connectée où chaque faits et gestes sont surveillés. On pense bien évidemment au célèbre roman dystopique de Georges Orwell mais dans la pièce d’Alexandra Badéa nous sommes à la lisière de l’anticipation et de la réalité. Identifiés par un numéro d’utilisateur, les quatre protagonistes de la pièce sont coupés du contact physique avec l’autre, ils ne communiquent que par des systèmes de vidéos (webcams, cameras de surveillances, applis de géolocalisation, téléphones portables).
TEXTE / Alexandra Badéa
MISE EN SCENE / François Parmentier
AVEC / Claudine Bonhommeau, Bertrand Ducher, Gilles Gelgon , Berdine Nusselder, Nicolas Sansier, Gilles Gelgon.
CREATION LUMIERE / Willy Cessa
CREATION SONORE / Luc Saint Loubert Bié et Thierry Mathieu
CREATION DES COSTUMES / Céline Perrigon
REGIE GENERALE/ François Poppe
ADMINISTRATION / Julie Boulain
VENDREDI 8 NOVEMBRE 2019 À 14H30 / Théâtre Quartier Libre / Ancenis (44) / T. 02 51 14 17 17
VENDREDI 8 NOVEMBRE 2019 À 20H30 / Théâtre Quartier Libre / Ancenis / T. 02 51 14 17 17
MARDI 19 NOVEMBRE 2019 À 19H30 / Théâtre du Champ de Bataille / Angers (49)/ T. 02 41 72 00 94
MERCREDI 20 NOVEMBRE 2019 À 19H30 / Théâtre du Champ de Bataille / Angers / T. 02 41 72 00 94
MARDI 21 JANVIER 2020 À 20H / le Jardin de Verre / Cholet (49)/ T. 02 41 65 13 58
MARDI 13 OCTOBRE 2020 à 20H30/THV/ST Barthélemy d’Anjou(49)
Mardi 17 NOVEMBRE 2020 à 20H30/Centre culturel Athéna: Auray (56)
Festival Off Avignon (84) du 7 au 28 juillet 2021, Nouveau Grenier Avignon (Spectacle programmé au Nouveau Grenier dans le cadre de l’opération régionale Les Pays de La Loire en Avignon)
1er AVRIL 2023 à 20H30 Espace culturel St Clément Craon (53)
Je te regarde
Saint-Barthélemy-d'Anjou. OUEST FRANCE
Je te regarde, un spectacle passionnant
Publié le 19/10/2020 à 06h00
Vu
Science-fiction ou réalité ? On pouvait se poser la question, mardi soir, au THV, pendant la pièce, Je te regarde d’Alexandra Badéa, interprétée par la compagnie nantaise les Aphoristes. Cette pièce est une succession de monologues dits par quatre personnages.
Un employé de multinationale, qui, avec son casque de réalité virtuelle, épie une subordonnée qui vit de l’autre côté de la planète et dont il devient fou amoureux.
Une jeune cadre dynamique et jalouse, qui suit son mari à l’aide de multiples applications sur son téléphone et son ordinateur. Un agent de sécurité d’aéroport à qui on impose un système de surveillance numérique qui lui ôte tout pouvoir décisionnaire. Et une gardienne de prison qui guette les faits et gestes d’un prisonnier dont elle devient amoureuse, et qui partage sa vie sur les réseaux sociaux.
Chacun se raconte derrière son écran de plexiglas, (scénographie inventée avant le Covid) dans un décor où la transparence prime. Une pièce qui alerte sur les dangers de notre civilisation, où l’humain serait dépossédé de lui-même ? Sans doute, mais pas que, et tout sauf didactique.
Avec intelligence, l’auteure déploie les destins séparés de ses personnages en proie à leurs fantasmes, pour les faire se rejoindre, à la fin, dans un événement dramatique inattendu mais plausible. La mise en scène de François Parmentier éclaire le texte passionnant, solidement documenté, qui arrive à la fois à créer du suspense, être drôle, et faire réfléchir. Les acteurs sont à l’unisson. Le public, conquis, a longuement applaudi.